D'où vient le nom "douala" ?
Selon l’historien Valère Epée (Ebélé Weï), la ville de Douala porte officiellement son nom actuel depuis le décret colonial allemand du 1er janvier 1901, même si cette appellation trouve ses racines bien plus tôt, dès 1578, avec l’installation du fondateur Ewale et de son peuple sur les rives du Wuri. Ewale nomma ce territoire Madu M’Ewale : « l’embouchure d’Ewale », situé entre l’estuaire, le plateau Joss et les environs actuels d’Aqua Beach et de Bonamouti. Ce nom évolua progressivement en Madumwale, puis en Madumale, forme plurielle de Du l’Ewale, devenu ensuite Duwale, avant de prendre la forme Duala sous l’influence d’un administrateur nommé Duwal’a Mbedi.
Cette origine, solidement ancrée dans l’histoire du peuple d’Ewale, rend anecdotique l’hypothèse populaire selon laquelle le nom viendrait de l’expression « Dua, Ala ! » (« démarre, vas‑y ! »), qui ne correspond en rien au contexte de l’arrivée des Fils d’Ewale ni au baptême originel du site.
Valère Epée (Ebélé Weï), Le Paradis Tabou : Autopsie d’une culture assassinée, Yaoundé, Éditions CLE, 1993, pp. 104–105.
Histoire de Douala
Du XVIIᵉ au XIXᵉ siècle, Douala devient un centre majeur du commerce régional. Les Duala font office d’intermédiaires entre l’intérieur et les navires européens, contrôlant l’ivoire, le caoutchouc, l’huile de palme, la noix de cola… Leur pouvoir se manifeste par des chefferies dynamiques (Ndumbe Lobe Bell, Lock Priso, Akwa, Deido).
En 1884, l’Allemagne signe un traité avec les chefs Bell et Akwa et crée le Protectorat du Kamerun. Douala devient un centre administratif et voit ses premières modernisations :
Cette période connaît aussi des résistances locales, notamment les révoltes liées aux expropriations (1910–1914).
Après la Première Guerre mondiale, le territoire passe sous mandat. Douala est majoritairement administrée par la France (avec une zone sous administration britannique). La ville poursuit son expansion : routes, écoles, zones industrielles et extension des quartiers (Bonabéri, Deido, Akwa Nord).
À l’indépendance, Douala s’affirme comme le poumon économique du Cameroun grâce à :
Aujourd’hui, Douala compte plusieurs millions d’habitants, répartis en communes d’arrondissement. La métropole se modernise (BRT, échangeurs, zones économiques) tout en affrontant des défis : mobilité, assainissement, gestion des déchets et inclusion urbaine.
Patrimoine et culture à Douala
Le centre administratif de Bonanjo et les chefferies traditionnelles (Bell, Akwa, Deido, Bonapriso, Bonabéri) constituent le cœur historique. On y trouve hôtels de ville, bâtiments coloniaux, palais et places symboliques.
La culture sawa regroupe plusieurs peuples côtiers (batanga, malimba, basaa, bakoko, bakweri) et s’exprime par des rites, musiques et danses : Ngondo, cérémonies d’intronisation, Menga, Assiko, Esani…
Gastronomie :
Doual’Art et d’autres acteurs produisent des œuvres publiques (La Nouvelle Liberté, Arbres de la paix, sculptures, fresques). La scène artistique locale s’illustre par festivals, expositions et arts numériques.
La ville abrite cathédrales, mosquées et églises historiques. On trouve aussi des espaces de mémoire (Musée Maritime) et un savoir‑faire local riche : sculpture sur bois, vannerie, textile, art recyclé, joaillerie.
Douala est ainsi le produit d’un long processus historique et culturel : un port et un carrefour d’échanges, une cité coloniale puis industrielle, et aujourd’hui une métropole créative confrontée aux enjeux urbains contemporains tout en préservant un patrimoine vivant et des pratiques culturelles fortes.